Ressources pour le secourisme en France
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Combattre les tabous et sauver des vies

St John AmbulanceCe mercredi 16 octobre 2024, la St John Ambulance (une organisation sans but lucratif internationale dont la mission est d'aider le public à améliorer sa santé, sa sécurité et sa qualité de vie à travers la formation et l'engagement communautaire) a révélé des données alarmantes concernant la réticence à pratiquer la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) sur les femmes.

Selon cette nouvelle étude, un tiers des Britanniques hésitent à pratiquer la RCP sur une femme par crainte de toucher la poitrine. Un chiffre qui souligne un problème important, car cette même proportion d'hommes avouent craindre d'être accusés de « contacts inappropriés » en cas de réanimation d'une femme en public, alors que cette proportion tombe à 13 % chez les femmes.

Une campagne de communication et de sensibilisation

Face à cette situation, la St John Ambulance a décidé de lancer une campagne innovante : le « CPR Bra » (pouvant être traduit par « Soutien-gorge de réanimation »). Ce soutien-gorge éducatif a pour objectif de rassurer et d'encourager toute personne à agir rapidement lors d'un arrêt cardiaque, quelle que soit la personne à secourir. Portant le message « It’s OK to Save My Life » (« Il est normal de sauver ma vie ») sur le devant, il rappelle aussi les étapes essentielles de la réanimation, soulignant ainsi que chaque seconde compte. Plusieurs personnalités des sphères sportives, de télévision, d'internet et autres se sont engagées dans cette campagne.

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Un tabou qui coûte des vies

Les chiffres sont troublants : les femmes en arrêt cardiaque reçoivent moins souvent de l'aide des passants que les hommes, car beaucoup s'inquiètent de « toucher leur poitrine ». En fait, seules 68 % des femmes reçoivent une RCP de la part de témoins, contre 73 % des hommes. Ce tabou qui entoure la poitrine des femmes crée une disparité générale dans l'accès aux soins d'urgence, mettant des vies en danger. Une simple action comme l'utilisation d'un défibrillateur dans les trois premières minutes peut augmenter les chances de survie jusqu'à 70 %. Cependant, près de 46 % des hommes se disent mal à l'aise à l'idée d'enlever les vêtements d'une femme pour accéder à sa poitrine, contre 31 % des femmes.

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Millie Bright, footballeuse anglaise qui joue au poste de défenseure à Chelsea et en équipe d'Angleterre, qui soutient la campagne, exprime son choc devant ces statistiques : « J'ai été témoin d'une crise cardiaque présumée sur le terrain, et c'était terrifiant. C'est essentiel que chacun prenne le temps d'apprendre à sauver une vie, car nous ne savons jamais quand nous pourrions avoir besoin d'une aide de parfaits étrangers. Apprendre que, en tant que femme, je suis plus à risque parce que les gens hésitent à aider en raison de mon genre est tout simplement choquant. »

La formation et l'éducation comme solutions

La recherche montre que la formation peut réduire ces préjugés et cette gêne : 64 % des personnes interrogées disent qu'elles se sentiraient plus à l'aise si elles reçoivent la formation appropriée.

Comme l'explique Jordan Davison, un responsable chez St John Ambulance : « Bien que cette recherche mette en évidence des problèmes concernant le confort des gens à pratiquer la RCP sur des femmes, cela n'est pas complètement surprenant. Ces préoccupations sont souvent soulevées lors de nos séances de formation. » Un constat qui se retrouve aussi lors des sessions de formation aux premiers secours pour le grand public en France.

Il rappelle aussi l'importance d'intervenir dans ces situations : « Qu'importe le genre, chaque corps est le même quand il s'agit de la RCP, la technique est identique et chacun mérite la meilleure chance de survie possible. »

Briser les tabous pour sauver des vies

Avec la campagne du « CPR Bra », St John Ambulance souhaite lever les tabous autour des compressions thoraciques sur les femmes et encourager chacun à agir sans crainte. Comme le souligne la campagne, il vaut toujours mieux agir que de ne rien faire, car chaque seconde est cruciale lors d'un arrêt cardiaque. Ensemble, avec des personnalités engagées, l'objectif est clair : briser ce tabou et sauver davantage de vies, car chaque individu, quel que soit son genre, mérite la meilleure chance de survie en cas d'urgence.

La campagne qui invite tout un chacun à s'inscrire à une formation de premiers secours afin d'éliminer cette inégalité liée au genre une fois pour toutes.

Une étude britannique mais une réalité universelle

Il est important de noter que cette étude a été menée au Royaume-Uni, et qu'une étude équivalente en France manque encore. Cependant, il est fort à parier que les chiffres seraient sensiblement identiques en France, car les tabous et les craintes liés à la réanimation cardio-pulmonaire sur les femmes ne connaissent pas de frontières. Ce phénomène universel montre l'importance de l'éducation et de la sensibilisation dans chaque pays afin de garantir à tous une chance égale de survie.