Ressources pour le secourisme en France

La crise suicidaire

Contexte

État de « crise psychique », temporaire et réversible, dont le risque majeur est le suicide (« acte de se donner délibérément la mort », OMS 2014).

Il s’agit d’un moment de la vie d’une personne où celle-ci se sent dans une souffrance majeure, dans une impasse avec l’impossibilité de s’en sortir. La personne est submergée par les émotions, elle présente une fatigue physique et morale qui altère son jugement et l’empêche de raisonner. L’idée suicidaire devient de plus en plus présente et finit par s’imposer comme la seule issue possible à cette souffrance.

Le processus suicidaire se met en place suite à une accumulation de facteurs (familiaux, professionnels, sociaux, ...) et ne résulte jamais d'une seule origine.

Signes et manifestations

Idées et intentions suicidaires

La personne en crise va verbaliser certains messages :

  • directs : « je veux mourir », « je veux en finir », « j’ai perdu le goût de vivre », …
  • indirects : « je n’en peux plus, je voudrais partir, disparaître », « ils seraient mieux sans moi », …

Manifestations de crise psychique

  • Fatigue
  • Anxiété
  • Tristesse
  • Irritabilité, agressivité
  • Troubles du sommeil
  • Troubles des conduites alimentaires
  • Perte d’intérêt et de plaisir
  • Sentiment d’échec et d’inutilité
  • Mauvaise image de soi et sentiment de dévalorisation
  • Impuissance à trouver des solutions à ses problèmes
  • Troubles de la mémoire
  • Ruminations
  • Consommation tabagique et alcoolique augmentée

Existence d’un contexte de vulnérabilité

  • Dépression
  • Affections psychiatriques déjà existantes
  • Antécédents de passage à l’acte suicidaire
  • Alcoolisme, toxicomanies, pathologies graves (cancer, ...)
  • Histoire familiale ou événement douloureux
  • Contexte de rupture familiale ou conjugale
  • Licenciement...

Conduite à tenir spécifique

Face à une personne en crise suicidaire, la tâche des secouristes consistera à repousser l’échéance du passage à l’acte en reconnaissant la souffrance de la personne en crise et en discernant les éléments qui augmentent le risque de passage à l’acte.

Pour déterminer les priorités de l’intervention, il convient de procéder assez rapidement à l’évaluation du potentiel suicidaire, en prenant en compte :

  • les facteurs d’urgence, témoins de l’imminence d’un geste (intensité, temporalité, lieu et modalités de l’acte suicidaire envisagés)
  • les facteurs de dangerosité comme l’accessibilité et la létalité (risque d’entraîner la mort) du moyen envisagé.

Critères d’une urgence élevée

  • Planification claire, passage à l’acte prévu pour les jours à venir (élaboration d’un scénario : Comment, Où, Quand ?)
  • Sentiment d’avoir tout fait et tout essayé et ne plus vouloir d’aide
  • La douleur et l’expression de la souffrance sont omniprésentes ou complètement tues
  • Accès direct et immédiat à un moyen de se suicider (médicaments, armes, corde, …)

La victime doit percevoir qu’elle est prise en compte et respectée. Le dialogue se réalise avec tact, sans émettre de jugement de valeur (propos moralisateurs ou de « bon sens »). Il faut bannir toute provocation, tout ordre catégorique, se retenir de minimiser les problèmes et de dévaloriser le geste (« une bêtise »). Il s’agit de reconnaître et d’aborder clairement la situation de crise.

  • Évaluer le risque (Comment, Où, Quand ?) :
    • « Souffrez-vous au point de vouloir mourir (vous faire du mal) ? »
    • « Pensez-vous à une façon de vous suicider ? »
    • « Avez-vous prévu un moment? Quand ? »
    • « Pensez-vous à un endroit en particulier? »
  • Évaluer la facilité d’accès aux moyens létaux évoqués par la personne et les éloigner autant que faire se peut :
    • « Pensez-vous à un moyen de vous suicider ? »
    • « Disposez-vous de ce matériel ? »
    • « Avez-vous envisagé un moyen de vous le procurer ? »
  • Proposer systématiquement le transport vers l’hôpital afin de procéder à une évaluation spécialisée et éventuellement une hospitalisation.
  • Transmettre l’ensemble des éléments observés et repérés lors de la prise en charge de la personne (victime, entourage, lieux) et rapporter les éléments informatifs (emballages de médicaments, lettre, photo dispositif, …) à l’hôpital.

Précisions

Toute idée suicidaire est à considérer comme un suicide en cours de réalisation. Ainsi, même face à un geste « bénin », un transport pour une évaluation par un spécialiste se révèle indispensable.

Les victimes en crise suicidaire doivent être surveillées durant toute l’intervention, y compris durant le transport, car l’impulsion d’un passage à l’acte peut être accentuée par la crainte de l’hospitalisation.

Les questions directes posées à une personne qui formule des propos suicidaires peuvent sembler embarrassantes, mais elles permettent pourtant de mieux préciser le mode d’action envisagé. Une personne ayant des idées suicidaires peut en effet interpréter ces questions directes de son interlocuteur comme une compréhension de sa souffrance et à l’inverse, l’absence de questionnement comme un désintérêt.

Information Koa'life

Par mesure de simplification de la recherche sur le site, cette page est un extrait de la page « Prise en charge d’une personne en situation de crise » contrairement aux recommandations qui intègrent les informations de cette page et des pages de même niveau en une seule.