Ressources pour le secourisme en France

Les victimes de violences

Contexte

Qu’elles aient lieu dans l’intimité du milieu familial (violences conjugales, maltraitances) ou commises à l’extérieur par des personnes inconnues ou des connaissances, la violence peut être verbale, physique, psychologique, sexuelle et/ou liée à la négligence et aux privations. Il peut s’agir d’un geste isolé de violence ou d’un certain nombre de gestes qui s’inscrivent dans un cycle de maltraitance.

Dans ces contextes, il peut exister une certaine complexité pour établir une relation avec la victime et pour évaluer la situation, notamment :

  • en cas de danger persistant pour la victime et/ou pour l’équipage
  • lorsqu’il existe un lien affectif qui soude les personnes concernées ou une situation de dépendance, de vulnérabilité physique, psychique, affective et/ou sociale avec souvent une relation de domination, d’emprise (partenaire, parent).
  • quand l’auteur est présent, niant fréquemment les violences commises ou sa responsabilité
  • du fait d’une visibilité faible et de la loi du silence : les violences sont souvent masquées et la victime peut avoir peur de parler, craindre les représailles, peut masquer ou nier, minimiser, banaliser, sous- estimer la gravité ou ne pas identifier forcément la situation de violence.
  • dans les suites d’une agression sexuelle, la victime est impactée au niveau le plus intime et peut manifester une importante souffrance et souvent une méfiance à l’égard des secouristes (d’autant plus s’ils sont du même sexe que l’agresseur), rendant parfois le contact physique et donc les gestes secouristes difficiles voire impossibles.

Le secouriste occupe une place prépondérante car il est souvent celui qui constitue le premier soutien. Son regard bienveillant permet à la victime de retrouver une part de sentiment de sécurité. Ses qualités d’écoute et d’empathie sont déterminantes pour engager la victime vers la reconnaissance du préjudice subi. La personne doit se sentir rassurée, en confiance afin de ne pas vivre sa prise en charge comme une nouvelle agression.

Conduite à tenir spécifique

  • Isoler la victime et limiter le nombre d’intervenants
  • Instaurer un climat d’écoute, de confiance et de sécurité,
  • Employer un ton calme et rassurant, associé à des gestes délicats, préalablement annoncés.
  • Parler honnêtement des éléments évocateurs repérés et lui signifier par des mots simples notre perception de la situation et l’encourager (sans forcer) à en parler.
  • Aborder clairement la question des violences, en précisant que rien ne les justifie, qu’elles sont interdites et punies par la loi. La victime n’est donc pas responsable et peut déposer plainte. Si elle ne veut pas parler, lui dire qu’elle pourra le faire plus tard. Il ne s’agit pas de l’interroger mais de l’écouter.
  • Tenter de convaincre de la nécessité d’un transport à l’hôpital
  • Transporter la victime dans la position dans laquelle elle se sent le mieux, (surtout si cette dernière a subi une agression sexuelle)
  • Informer sur la possibilité d’être aidée en veillant à ne pas émettre des promesses non tenables ou des solutions hors de sa portée
  • En cas d’absence de transport, transmettre les coordonnées des services compétents et inciter la victime à identifier une personne ressource.

Précisions

Il ne s’agit pas de réaliser une enquête, mais d’évaluer les risques encourus afin de déterminer la réponse opérationnelle la plus adaptée dans l’immédiat. Ainsi doit être appréciée la nécessité du recours aux forces de l’ordre, qui ne se fera que dans trois conditions : un danger persistant pour la/les victime(s), pour l’équipage ou lorsque la victime en fait la demande.

Il est important que le secouriste soit particulièrement vigilant et attentif à repérer et préserver tout élément informatif ou de preuve (sous-vêtements à conserver dans plusieurs sacs neufs séparés, dans le cadre d’une agression sexuelle par exemple, …) qui pourrait être utile à la victime dans le cadre d’une future procédure judiciaire. Dans certains cas, notamment celui de l’agression sexuelle, il est important qu’elle puisse être dirigée le plus rapidement possible vers des services spécialisés, urgences médico- judiciaires notamment, certains examens, prélèvements et mise en route de traitement devant être réalisés au plus vite.

En cas de transport à l’hôpital, des transmissions complètes sont à faire à l’équipe prenant le relais pour permettre une prise en charge adaptée, la mise en sécurité de la ou des victimes et des soignants. Le contexte des violences selon les dires de la victime, ou les suspicions selon les éléments observés, doivent figurer dans les écrits professionnels.

Sauf danger imminent, il faut accepter le choix et le rythme de la victime (si majeure et apte à consentir). Même si l’issue de l’intervention n’est pas celle espérée, toute intervention a un intérêt, même si les effets ne sont souvent pas mesurables dans l’immédiat. Une parole possible, un regard nouveau sur sa situation, des informations apprises peuvent amorcer un changement.

Information Koa'life

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